À l’approche des élections législatives, l’échiquier politique connaît de nombreux changements : nouveaux organigrammes pour les partis politiques, émergence de nouvelles formations, etc. De son côté, le parti Isamaa ja Res Publica Liit (Union de la Patrie et Res Publica, droite) communément désigné par les initiales IRL a choisi de changer de nom et s’appelle désormais tout simplement Isamaa (Patrie). Cette formation de droite est née en 2006 de la fusion des formations Isamaa Liit (née en 1995) et Res Publica (né en 2001) souhaite réaffirmer sa ligne politique de droite, conservatrice, patriote et proeuropéenne. On peut voir dans ce changement une tentative de récupération du créneau patriotique en partie délaisser à EKRE, le parti conservateur estonien eurosceptique, actuellement en troisième position dans les sondages derrière le Parti du Centre du Premier ministre et le Parti de la Réforme (opposition).

Attendu depuis des années, le procès d’Edgar Savisaar, l’ancien président du Parti du centre et ancien maire de Tallinn, pour corruption tourne court. En raison des problèmes de santé de l’accusé, et ce malgré une expertise estimant que Savisaar était capable de supporter un procès, le tribunal de Tallinn a décidé de mettre fin aux débats le concernant. Le procès se poursuit toutefois pour les coaccusés d’Edgar Savisaar.

À Tallinn, la municipalité tente justement de tourner la page des années Savisaar, qui, si elles ne se termineront pas sur un procès, ont clairement été marquées par des pratiques à la légalité floue. Edgar Savisaar n’est plus au pouvoir, mais les pratiques caractéristiques de son époque perdurent. Les affaires de détournement, de favoritisme sont régulièrement révélées. Afin de renforcer cette lutte, la mairie a mis en place une ligne de téléphone spéciale, gérée par un cabinet d’avocats, pour permettre aux habitants de dénoncer tout acte de corruption de la part des employés et représentants de la ville.

De son côté la ministre de l’Éducation Mailis Reps (Parti du Centre) a proposé de rendre obligatoire la scolarisation des enfants estoniens dès l’âge de trois ans. Actuellement, l’école n’est obligatoire que pour les enfants de sept ans et environ 10 % des enfants de trois à sept ne sont pas scolarisés (jardin d’enfants, scolarisation à domicile). Selon la ministre, la non-scolarisation génère des problèmes d’intégration sociale des enfants. Dès lors, il serait utile que tout enfant aille dans un jardin d’enfant un nombre de fois minimum ou qu’il soit suivi par le personnel compétent. Se pose néanmoins la question du financement de cette scolarisation, les jardins d’enfant n’étant pas gratuits en Estonie. (Ce sont les municipalités qui décident du prix à la charge des familles, celui-ci ne peut pas être supérieur à 15 % du salaire minimum de l’année civile précédente, soit actuellement 70,5 € par mois. À ce prix s’ajoute le coût des repas.) Si elle était mise en place, une telle obligation mettrait enfin les municipalités devant un autre problème : proposer suffisamment de places pour tous les enfants, ce qui n’est pas le cas partout.

Sujet de débat depuis des mois, le projet d’usine de cellulose au bord de l’Emajõgi en amont de Tartu a été encore une fois à la Une en juin. Face à la pression des élus locaux et de la population, le gouvernement estonien a décidé de mettre fin au schéma-directeur spécial du projet, sans toutefois renoncer à l’idée de bâtir toute usine similaire en Estonie. Le Premier ministre Jüri Ratas a rappelé la nécessité de tels investissements, mais il a souligné que le consentement de la population était essentiel pour tout développement industriel. Le ministre de l’administration publique Janek Mäggi a expliqué l’échec du projet par un manque de dialogue entre l’entreprise et la population locale.

À Tartu, le week-end de la Saint-Jean a été doublement festif car la ville universitaire a accueilli le festival Gaudeamus, la Fête de la danse et du chant des étudiants. Tenu pour la première fois en 1956 justement à Tartu, ce festival a lieu généralement tous les quatre ans tour à tour en Estonie, en Lituanie et en Lettonie. Cette année, le festival a coïncidé avec les célébrations du centenaire de la République d’Estonie. À cette occasion, la présidente estonienne Kersti Kaljulaid a invité à Tartu ses homologues letton, polonais, géorgien, finlandais et islandais.

Alors que le début de l’été rime avec le début de la saison des festivals musicaux et culturels à travers l’Estonie, le Seto Folk organisé à Värska dans le Setomaa a été le cadre de la toute première fête de la danse seto. L’événement a eu lieu à l’initiative de l’actuelle ülembsootska (vice-reine seto), qui en avait fait la promesse lors de son élection en août 2017.

En sport, l’équipe d’épée (escrime) continue d’engranger les médailles. Lors des derniers championnats d’Europe, Katrina Lehis a remporté la médaille d’or en battant sa compatriote Kristina Kuusk (médaille d’argent. Battue en demi-finale, Julia Beljajeva a remporté la médaille de bronze. Il s’agit du premier triplé estonien en grand championnat dans une discipline olympique depuis 1922 ! Par équipe, les femmes ont remporté la médaille de bronze et Nikolai Novosjolov a remporté l’argent. La victoire de Katrina Lehis, habituelle numéro 5 derrière Beljajeva, Kuusk, Irina Embrich et Erika Kirpu a provoqué une polémique : Lehis ne devait pas participer aux championnats du monde par équipe à venir. L’absence de la championne d’Europe a été contestée et c’est finalement Erika Kirpu qui restera hors de l’équipe estonienne.

Il y a quelques années, des fouilles archéologiques conduites lors d’un chantier aux abords de l’avenue de Pärnu à Tallinn avait permis de retrouver la canalisation d’eau qui reliait le lac Ülemiste à la ville au Moyen-Âge. Depuis le printemps, des fouilles dans le quartier de Kalamaja ont révélé au moins 10 000 objets datant de la fin du XVe siècle. Ceci constitue le plus grand ensemble d’objets de cette période trouvé en Estonie. Outre son ampleur, la découverte se distingue par la présence d’objets qui habituellement, une fois enfouis dans la terre, se composent comme des objets en bois et en peau.