Depuis le 23 avril, l’Estonie a désormais son animal national : le loup. Présent dans de nombreuses histoires populaires, le loup a été choisi en tant que symbole de la forêt et de la nature estonienne.  Le loup rejoint l’hirondelle rustique (oiseau national), le bleuet (fleur nationale), le hareng de la Baltique (poisson national), le calcaire (pierre nationale) et le machaon (papillon national). Soutenu par des associations de la nature et des institutions, le loup était principalement en concurrence avec le hérisson, car les autres animaux principaux estoniens, tels l’ours et l’élan, étaient déjà des symboles d’autres pays.

Sur la scène politique, les manœuvres en vue des élections législatives de 2019 ont commencé. Comme attendu depuis plusieurs mois, la députée européenne Kaja Kallas a pris les rênes du Parti de la Réforme, remplaçant Hanno Pevkur qui, à la tête du parti depuis un peu plus d’un an à peine, n’avait jamais réussi être un véritable dirigeant. Alors que deux des trois partis de la coalition gouvernementale sont en difficulté, Kaja Kallas prend la tête d’un parti de la Réforme qui est plébiscité dans les sondages. Toutefois, elle va devoir mettre de l’ordre dans le fonctionnement du parti, qui est en proie à de grosses difficultés financières.

Du côté du Parti social-démocrate, son président Jevgeni Ossinovski a décidé de quitter son poste de ministre du Travail et de la Santé pour se consacrer à la campagne électorale à venir. Son action ministérielle reste surtout marquée par sa volonté de taxer fortement les produits alcoolisés. Ses choix impopulaires ont une influence directe sur la popularité de son parti, qui pourrait perdre de nombreux députés dans un an. Être membre de la coalition gouvernementale est aussi néfaste pour IRL qui pourrait ne pas siéger au Riigikogu si la situation n’évoluait pas.

Depuis plusieurs mois, le projet de construction d’une usine de cellulose au bord de l’Emajõgi à une dizaine de kilomètres en amont de Tartu cristallise les tensions. Les autorités locales (ville de Tartu, commune rurale de Tartu) et les scientifiques ont clairement exprimé leur opposition à cet investissement d’un milliard d’euros. De son côté, le Premier ministre Jüri Ratas a estimé qu’il était nécessaire de poursuivre les études avant de trancher en faveur du projet ou non. Alors que l’usine est rejetée à Tartu, certaines communes se sont portées candidates pour l’accueillir sur leur territoire.

À Tallinn, les infrastructures de transport international sont en bonne santé économique. Le 26 avril, le port de Tallinn a accueilli son premier paquebot de croisière de l’année. Au total, les navires de croisière feront 341 escales d’ici à octobre, soit un total de 565 000 touristes. De son côté, l’aéroport connaît aussi une nouvelle croissance après avoir longtemps été dans l’ombre de ses concurrents (Helsinki, Riga). La capitale estonienne est désormais reliée en été à plus de 40 villes, principalement grâce au réseau de la compagnie Nordica, ce qui constitue un record. La principale nouveauté a été l’annonce par la compagnie Qatar Airways de l’ouverture d’une ligne directe entre Tallinn et Doha. Pour la première fois, Tallinn sera reliée par un vol régulier à une ville située hors d’Europe (Russie incluse).

Dans le cadre du centenaire de la République d’Estonie, un soutien financier a été accordé à un certain nombre de productions cinématographiques. Le premier film s’inscrivant dans ce cadre, Seltsimees Laps de Moonika Siimest est sorti sur les écrans le 23 mars dernier. Adaptation de deux livres de l’écrivaine Leelo Tungal, ce film plonge le spectateur dans l’Estonie soviétique de 1950 en pleine répression stalinienne. L’histoire suit principalement une jeune enfant, dont la mère vient d’être déportée en Sibérie, au milieu du monde des adultes où règnent le NKVD et la propagande.

À l’étranger, le temps fort culturel du printemps est sans aucun doute l’ouverture en avril de l’exposition Âmes sauvages, le symbolisme dans les pays baltes au Musée d’Orsay à Paris. Regroupant des œuvres estoniennes, lettones et lituaniennes, cet événement transporte le public à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. À cette occasion, la présidente de la République Kersti Kaljulaid et ses deux homologues baltes ont été reçus par le président français Emmanuel Macron.

Enfin, une page se tourne à la tête de l’Église orthodoxe d’Estonie du Patriarcat de Moscou avec le décès de son chef, le métropolite Kornelius. Celui-ci, à la tête de cette Église depuis 1992 à la suite d’Alexis II, élu patriarche de l’Église orthodoxe russe deux ans plus tôt, a surtout été un acteur du conflit entre les deux Églises orthodoxes d’Estonie, celle rattachée à Moscou et celle rattachée au Patriarcat œcuménique de Constantinople.