Début février, les Archives nationales estoniennes se sont installées dans leur nouveau centre principal à Tartu. Ce centre a été baptisé Noora, contraction du nom de la rue Nooruse dans laquelle se trouve le bâtiment et de Rahvusarhiiv (“archives nationales” en estonien). À l’occasion de l’ouverture de ce nouveau centre, qui coïncidait avec l’anniversaire de sa signature le 2 février, le document original du Traité de Tartu a été transféré dans la ville universitaire. Il avait été transporté à Stockholm en 1940 et il n’était revenu en Estonie qu’en 2002. Depuis, il était conservé à Tallinn. Signé à Tartu le 2 février 1920 entre l’Estonie et la Russie soviétique, ce traité a mis fin à la Guerre de Libération estonienne.

À l’approche de la fête nationale, le 24 février, la première liste de remises de décoration par la présidente Kersti Kaljulaid a été divulguée. Parmi les 113 personnes honorées, deux Français : le vice-amiral Arnaud Coustillière, officier général cyberdéfense, et Serge Arnould, l’ancien consul honoraire d’Estonie à Lyon. Le premier a été décoré de la Croix de l’Aigle 3e classe pour son implication dans le développement de la coopération dans le domaine de la cyberdéfense et le second a reçu la Croix de Terra Mariana 4e classe.

Depuis 1938, l’administration présidentielle estonienne se trouve dans le bâtiment administratif de Kadriorg, construit à proximité du château de Kadriorg. Après 1991, le lieu a également fait office de résidence présidentielle. Lors de la présidence de Toomas Hendrik Ilves, le ministre de la Culture d’alors, Rein Lang, proposa l’idée d’aménager une résidence présidentielle distincte de son administration : les futurs présidents estoniens iraient s’installer dans le manoir Liberty, situé dans le district d’Haabersti à Tallinn et actuellement à l’abandon. Toutefois, l’actuelle présidente et sa chancellerie viennent d’annoncer l’abandon du projet. Kersti Kaljulaid a choisi continuer à vivre dans sa résidence privée de Nõmme, à Tallinn, et estime que la rénovation du manoir Liberty n’est pas nécessaire. Cette décision a provoqué l’indignation de ceux qui avaient porté le projet et garanti aux financeurs la viabilité du projet et du Musée de plein-air de Tallinn qui a donné le manoir à la chancellerie.

La résidence présidentielle n’est pas le seul déménagement à faire débat. Alors que Tallinn prend un poids de plus en plus important en Estonie, le gouvernement cherche des solutions pour redynamiser les régions estoniennes par le déplacement de structures de l’État en dehors de la capitale. Le ministre en charge de l’administration publique, Mihhail Korb, envisage de transférer plusieurs centaines d’emploi dans les différents centres régionaux estoniens. L’un des sujets les plus brûlants est sans aucun doute le projet de transfert de l’Académie de sûreté intérieure (Sisekaitseakadeemia) de Tallinn à Narva. Les partisans du projet y voient une solution pour renforcer la présence de l’État dans le Virumaa oriental et offrir de nouvelles opportunités à la ville de la frontière orientale. Face à eux, les opposants craignent que le déplacement de l’institution dans l’est rebute les futurs candidats, Narva souffrant de son image de ville russophone en crise sociale.

Secteur en déclin depuis la seconde moitié des années 2000, le transit marchand sur le réseau ferré estonien continue de perdre de sa superbe, les volumes annuels actuels se situant autour de 25% de ceux transportés il y a plus de dix ans. Face à une telle situation, l’entreprise Eesti Raudtee se trouve dans l’obligation de demander des fonds d’aide à l’État estonien. Certains, comme Toomas Kivimägi (Parti de la Réforme) et Erki Savisaar (Parti du Centre), membres de la commission des affaires économiques du Parlement, estiment qu’il serait nécessaire d’envisager un réchauffement des relations avec la Russie pour trouver de nouveaux débouchés.

Sujet de débat depuis les années 1990, l’enseignement de l’estonien dans les lycées russophones est de nouveau un sujet d’actualité. Actuellement, tout diplômé d’un lycée dont la langue d’enseignement est le russe doit avoir suivi au moins 60% des enseignements en estonien et de maîtriser cette langue à un niveau B2 (selon les standards européens). Le ministère de l’éducation envisage de permettre aux lycées de déroger à la règle 60%-40%, mais en augmentant le niveau de langue requis au standard C1. Ce projet rencontre toutefois l’opposition ou la critique des spécialistes de l’enseignement, qui expliquent qu’un tel niveau est trop complexe pour les futurs bacheliers.

Enfin, le très attendu film November, du réalisateur Rainer Sarmet, est sorti au cinéma le 3 février. Il s’agit de l’adaptation cinématographique du célèbre roman d’Andrus Kivirähk Rehepapp ehk November (traduit en français sous le titre Les Groseilles de novembre), paru en 2000.