Début octobre, plusieurs infrastructures sous-marines ont été endommagées en mer Baltique : le gazoduc Balticconnector (entre Finlande et Estonie) et deux câbles de communication (entre Estonie et Suède et entre Finlande et Estonie). Après un temps de flottement, l’hypothèse d’un tremblement de terre ayant notamment été écartée, s’est posée la question de savoir si les dommages relevaient d’une action volontaire ou d’un accident. Les analyses des mouvements de navigation au moment des incidents a permis d’identifier deux navires, un russe et un chinois, comme pouvant être à l’origine des événements. Par la suite, les autorités finlandaises ont retrouvé une ancre qui appartiendrait au navire chinois, le Newnew Polar Bear, un des symboles d’une nouvelle coopération maritime sino-russe. Les autorités estoniennes et finlandaises tentent d’obtenir des informations auprès des autorités chinoises mais l’enquête avance doucement. L’événement a été largement commenté car ces infrastructures se trouvant dans les eaux des différents pays de l’OTAN, s’est rapidement posée la question de leur souveraineté et du rôle que pourrait avoir l’Alliance atlantique dans un tel dossier.

Sujet de débat au cours des semaines précédentes, le projet de taxe automobile porté par le gouvernement a été précisé par l’exécutif. À partir de 2025, l’achat et la possession d’un véhicule feront chacun l’objet d’une nouvelle taxe : tout d’abord, à la première immatriculation d’un véhicule en Estonie (pour les véhicules neufs et les véhicules d’occasion importés), puis chaque année tant que le véhicule existera. Le gouvernement a tranché en faveur de taxes prenant en compte l’année de production du véhicule, sa masse et ses émissions de CO2. Afin d’encourager l’utilisation maximum des véhicules, plus le véhicule est ancien, moins la taxe sera élevée. De même, les véhicules lourds et polluants seront plus taxés. Selon les exemples présentés dans la presse, la taxe à l’achat s’échelonnera de quelques centaines d’euros (pour des véhicules électriques notamment) à plusieurs milliers d’euros (plus de 15 000 euros pour certains modèles). La taxe annuelle s’établira entre quelques dizaines d’euros et plus d’un millier d’euros.

En octobre, pendant que les activités du Parlement sont extrêmement ralenties en raison de l’obstruction jusqu’au-boutiste du parti EKRE, ce sont les pratiques de certains députés et l’utilisation de l’argent du contribuable par les élus qui ont fait beaucoup parler. Tout a commencé avec la révélation de l’étrange consommation en carburant du député Kalle Grünthal (EKRE). Des journalistes ont découvert que l’élu se faisait rembourser des frais de carburant anormalement élevés (qui plus est pour des achats de plusieurs types de carburant, ce qui indiquait l’utilisation de véhicules différents). De même, les analyses ont indiqué que M. Grünthal semblait avoir un don d’ubiquité puisque les factures consultées et les comptes rendus de séance du Parlement indiquaient que celui-ci pouvait être simultanément ou presque dans une station-service et en train de poser des questions à des ministres. À la suite de ces révélations, les services de police ont ouvert une enquête. De son côté, le groupe parlementaire EKRE a voté l’exclusion de son membre ; les demandes de démission (ce qui permettrait au parti de récupérer le siège) ont en revanche été ignorées par l’intéressé. Dans les jours suivants, d’autres parlementaires ont été épinglés (trois députés EKRE, dont le président du parti Martin Helme, et un député du Parti de la réforme) pour mauvaise pratique, mais dans des proportions moindres (sous le seuil permettant l’ouverture d’une enquête policière). Martin Helme a ainsi reconnu avoir prêté une fois sa carte à sa fille. Au-delà de cette question, c’est tout le système des indemnités des parlementaires qui a été placé au cœur du débat. Faut-il continuer à indemniser les frais des élus du Riigikogu en plus de leur salaire ?

En juin dernier, après le vote du Riigikogu qui a ouvert le droit au mariage à tous les couples à partir du 1er janvier 2024, l’Église luthérienne évangélique estonienne, dont les pasteurs sont assermentés par l’État pour proclamer les mariages, a décidé de ne plus accepter (temporairement) de dossiers de mariage pour l’année 2024. Finalement, les autorités de l’Église, voyant que la loi n’obligeait en rien l’institution à célébrer des mariages entre deux personnes du même sexe, ont annoncé qu’elles allaient poursuivre la proclamation de mariages au nom de l’État après janvier 2024.

Le 13 janvier 2021, Jüri Ratas annonçait la démission de son gouvernement, coalition de son parti, le Parti du centre, du parti de droite Isamaa et de l’extrême-droite EKRE et permettait le retour au pouvoir du Parti de la réforme, ouvrant ainsi une nouvelle page de la vie politique estonienne. La veille, la presse avait révélé que les services du procureur soupçonnaient le Parti du centre et cinq personnes, dont le secrétaire général du parti Mihhail Korb, d’être impliqués dans des actes de corruption dans le cadre du projet immobilier Porto Franco (entre la vieille-ville et le port) à Tallinn. Les différentes personnes étaient soupçonnées de trafic d’influence. Après de longs mois d’audience, le tribunal de première instance de Tallinn a relaxé en octobre l’ensemble des accusés. Immédiatement, le procureur a annoncé faire appel de la décision.

Le 1er septembre 2024, la rentrée scolaire sera différente des précédentes. En effet, avec le lancement de la transition linguistique dans les écoles russophones, il s’agira de la première rentrée où la langue d’enseignement sera l’estonien pour tous les élèves de première classe et de quatrième du pays. Le sujet est revenu dans le débat en octobre après que la municipalité de Tallinn a indiqué qu’en l’absence d’indication des parents, les enfants estoniens pourraient très bien être inscrits dans des écoles en transition. Une telle annonce a provoqué un tollé au sein d’une partie de la classe politique, dont la ministre de l’Éducation (Eesti 200) qui a accusé le maire de Tallinn et son équipe de saboter la réforme en plaçant des enfants estonophones dans des écoles qui ne sont pas entièrement passées à l’estonien. Les autorités locales de la capitale se sont défendues face aux accusations, arguant prendre des mesures pour anticiper l’afflux d’élèves dans les classes déjà estonophones (de plus en plus de parents russophones choisissent une école en estonien plutôt qu’une école en russe et à partir de 2024 une école dite en transition).

Le 12 octobre, la matinée a été très nerveuse dans de nombreux établissements scolaires estoniens. En effet, ceux-ci venaient de recevoir un courriel annonçant l’explosion à venir d’une bombe en fin de matinée. Pendant que la plupart des établissements étaient évacués, la police est rapidement arrivée à la conclusion qu’il s’agissait d’une fausse alerte, permettant une reprise rapide des activités d’enseignement. Le 13, de nouvelles menaces ont été envoyées mais moins nombreuses. Quelques jours auparavant, un événement similaire s’était produit en Lettonie, toutefois, les autorités n’en avaient pas connaissance le 12 octobre, ce qui n’a pas permis de mieux comprendre ce qu’il se passait. Si les réseaux sociaux ont entretenu une certaine panique parmi les élèves et les parents d’élèves, la situation a été gérée plutôt calmement.

Dans un contexte de réduction des dépenses, le ministère estonien des Affaires étrangères a notamment indiqué la fermeture des consulats de New-York et de San Francisco aux États-Unis. La nouvelle a rapidement provoqué une fronde au sein de la communauté estonienne du pays. Les Estoniens de la côte ouest ont avancé l’argument de la distance entre l’ouest et le consulat restant à Washington. De leur côté, les Estoniens de New-York ont déploré la fermeture d’un haut-lieu de la diaspora estonienne pendant la période soviétique.

En 2013, le tout premier satellite estonien, ESTCub-1, développé dans le cadre d’un programme de satellite étudiant à l’Université de Tartu, avait été lancé avec succès. Dix ans plus tard, un nouveau satellite, ESTCub-2 a été lancé depuis la Guyane française le 9 octobre. Si ESTCub-1 avait pu effectuer sa mission pendant deux ans, le sort d’ESTCub-2 est malheureusement différent. Le lancement de la fusée Vega a été un succès mais le satellite estonien et un autre satellite semblent ne pas s’être détachés et seraient retombés dans l’atmosphère.

Enfin, le 30 octobre 2023, un monument de la télévision estonienne, la série Õnne 13, a célébré ses 30 ans. Au cours de cette période, 890 épisodes de cette série retraçant la vie de la ville fictive de Morna ont été diffusés sur ETV.

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