La fin de l’année 2016 en Estonie a été principalement marquée par les fêtes de Noël. Comme depuis son élection en octobre, la présidente Kaljulaid n’a pas manqué d’exprimer son avis quant à cet événement, quitte à provoquer de l’irritation. En effet, dans une interview à Meie Maa, le chef de l’État a rappelé les origines païennes des fêtes de fin d’année, notamment en soulignant l’origine scandinave du mot estonien jõul (Noël), associé au solstice d’hiver. Selon elle, Noël et aller à l’église ne constituent pas un tandem obligatoire. De manière générale, Kersti Kaljulaid s’exprime régulièrement sur la liberté de croyance en Estonie, mais aussi et avant tout sur la liberté de ne pas croire et sur l’absence d’une Église d’État en Estonie.

Les dernières semaines de décembre ont été intenses pour les élus locaux. Ces derniers avaient en effet jusqu’au 31 décembre pour achever les projets de fusion volontaire de communes dans le cadre de la réforme territoriale adoptée il y a quelques mois (un seuil minimum de 5000 habitants a été imposé). En l’absence d’accord, le gouvernement procédera à des fusions forcées en 2017. La nouvelle carte administrative devra être prête pour les élections municipales de l’automne prochain. L’échec des négociations s’explique souvent par le refus d’élus de communes différentes d’envisager un avenir commun ou le refus de laisser le centre communal partir vers un autre bourg. Parmi les négociations réussies, on peut mettre en avant la volonté de fusion de presque toutes les communes de l’île de Saaremaa en une seule municipalité. Seule la commune de Pöide a refusé l’idée, mais on peut s’attendre à une fusion forcée de la part du gouvernement. La région administrative de Saaremaa sera alors composée de trois communes : Saaremaa et les deux îles Ruhnu et Muhu qui bénéficient du statut de communes insulaires. Les accords de fusion volontaire concernent 160 des 213 communes estoniennes et à terme, l’Estonie ne devrait plus compter que 75 villes et communes rurales.

Dans le domaine des médias, la radio-télévision publique estonienneEesti Rahvusringhääling ou ERR a célébré ses 90 ans. C’est en effet le 18 décembre 1926 que la première émission de radio régulière a été diffusée en Estonie par Raadio Ringhääling. Il faut rappeler que l’entité ERR n’existe toutefois en tant que telle que depuis 2007 lorsque Eesti Televisioon (née en 1955) et Eesti Raadio, ont fusionné en un seul groupe public.

Entreprise initiée après l’affaire Eston Kohver (policier des services secrets estoniens enlevé en territoire estonien (selon le gouvernement estonien), capturé en territoire russe (selon les services russes) à la frontière russo-estonienne en septembre 2014), le nettoyage de la frontière du sud-est de l’Estonie a été achevé. Une bande d’au moins une dizaine de mètres a été dégagée de la végétation pour prévenir toute intrusion sur le territoire estonien. Des négociations avec quelques propriétaires frontaliers sont encore en cours.

Sur le plan énergétique, l’Estonie et la Commission européenne ont signé l’accord de financement pour la construction du prolongement du gazoduc Balticonnector (qui relie la Finlande à l’Estonie) vers la Lettonie. En 2020, du gaz pourra être expédié de Finlande vers la Lettonie, trajet impossible aujourd’hui, le réseau gazier reliant surtout l’Estonie et la Lettonie à la Russie.

Enfin, pour la première fois, un robot-livreur a circulé dans les rues de Tallinn. Création de l’entreprise Starship Technologies (entreprise fondée par les cofondateurs de Skype Janus Friis et Ahti Heinla à Tallinn en 2014, doublée d’un siège à Londres depuis 2016), le robot électrique Starship est conçu pour des petits trajets en se déplaçant sur les trottoirs. Si ce premier déplacement n’était encore qu’une expérience (parmi les nombreux tests effectués, notamment dans la Silicon Valley), un usage commercial est prévu pour 2017.