L’année 2022 a commencé par une mauvaise nouvelle pour de nombreux foyers estoniens : une facture énergétique mirobolante. Rapidement, la coalition gouvernementale a réfléchi aux mesures à prendre pour compenser une partie de la note. Dans un premier temps, une campagne d’aide a été menée pour les foyers modestes (moins de 1126 euros net par mois par adulte, chaque mineur de 14 ans et plus ajoutant une demi-part et les mineurs de moins de 14 ans 0,3 part). Pour les mois de janvier à mars, un prix plafond a été fixé au-delà duquel la facture sera payée par l’État (dans la limite d’une certaine consommation mensuelle). Avant d’en arriver à ce système, les partenaires au sein du gouvernement ont été proches du divorce. Alors que le Parti de la réforme prônait une aide limitée, le Parti du centre aurait aimé une aide plus importante, indépendamment du prix de l’énergie. Dans ce contexte, le parti d’extrême-droite EKRE a, lui, organisé une manifestation le 22 janvier pour demander une sortie de la bourse Nord Pool Spot, qui gère le marché de l’électricité en Europe du nord et du marché des émissions de CO2.

Dans le même temps, l’Estonie a vécu le début d’une nouvelle vague de Covid avec, comme ailleurs, des records dépassant tout ce qui avait été enregistré auparavant. L’envolée du taux d’incidence commencée en décembre s’est poursuivie en janvier. De 784 cas pour 100 000 personnes au 1er janvier, ce taux a atteint 5459 le 31 janvier, dépassant au milieu du mois le record établi lors de la vague automnale. Parallèlement à l’explosion du nombre de cas, le nombre de patients hospitalisés est resté limité, n’augmentant que de 228 à 332, évitant une pression sur le système hospitalier.

Cette absence d’augmentation importante du nombre de patients autorise certains à envisager une levée rapide des restrictions. Après avoir surmonté les différends concernant la question de la facture d’électricité des Estoniens, Parti du centre et Parti de la réforme se sont opposés sur le calendrier et les mesures à prendre. Si le Parti de la réforme souhaite attendre la baisse du nombre de nouveaux cas quotidiens, le Parti du centre réclame rapidement la fin du pass vaccinal en vigueur depuis octobre, après avoir proposé de mettre l’accent sur les autotests. Un accord est finalement trouvé au début de février, sous conditions…

La question des tensions entre la Russie et l’OTAN au sujet de l’Ukraine a également été très observée et commentée. La volonté de dialogue avec Vladimir Poutine exprimée par les principaux dirigeants européens et américains est vue d’un mauvais œil en Estonie, où l’on se méfie grandement de la Russie avec les crises de Crimée et du Donbass. Dans le même temps, la question des relations avec le Bélarus a aussi été d’actualité. En effet, une enquête journalistique a relevé que le transit de produits pétroliers exportés par le Bélarus via le territoire estonien avait crû au cours des derniers mois. Si tout semble conforme aux sanctions imposées au régime d’Alexandre Loukachenko, le transport des produits pétroliers raffinés au Bélarus – qui tire un profit important de cette activité de transformation – par des entreprises estoniennes a été pris pour cible, notamment par l’ancienne présidente Kersti Kaljulaid. La Première ministre Kaja Kallas et la ministre des Affaires étrangères Eva-Maria Liimets ont promis d’étudier la question et de trouver des solutions pour éliminer les lacunes du système de sanctions.

En économie, une nouvelle start-up estonienne a obtenu le statut de licorne : Veriff, une entreprise spécialisée dans la vérification d’identité. Il s’agit de la septième licorne estonienne (auxquelles sont ajoutées deux autres, Zego et ID.me, cofondées par des Estoniens mais sans bureau en Estonie).

À l’approche des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, l’intérêt pour les sports d’hiver a été fort. Tallinn a notamment accueilli les championnats d’Europe de patinage artistique. Relativement jeunes, les patineurs estoniens ont crânement défendu leurs chances. Pour ses premiers championnats, Arlet Levandi (16 ans) a obtenu la 14e place chez les messieurs. Chez les femmes, Niina Petrõkina (17 ans, premiers championnats) et Eva-Lotta Kiibus (19 ans) ont respectivement terminée 8e et 11e. Enfin, le couple Marko Jevgeni Gaidajenko / Solène Mazingue, composé d’un Estonien et d’une Française et patinant sous les couleurs estoniennes, a pris le 20e pour sa première compétition internationale. Peu de temps après les championnats d’Europe, Tallinn a également accueilli les championnats des quatre continents qui fait office de compétition équivalent aux championnats d’Europe pour les patineurs du reste du monde. Après le désistement de Pékin, c’est Tallinn qui a été désigné ville-hôte.

La vedette du ski freestyle Kelly Sildaru, qui représente la meilleure chance de médailles aux JO de février, a remporté une nouvelle fois une épreuve des X Games faisant d’elle la sportive de moins 20 ans (hommes et femmes confondus) la plus récompensée de cette prestigieuse compétition. Du côté du ski de fond, le spécialiste du combiné nordique (ski de fond et saut à ski) Kristjan Ilves a obtenu deux podiums lors d’épreuves de coupe du monde en janvier, de quoi nourrir quelques espoirs pour les Jeux olympiques.

Enfin, 43 % des Estoniens soit 568 891 personnes ont rempli le formulaire du recensement permettant de compléter les données obtenues dans les registres de l’État.

Photo : Delfi Sport / Rauno Volmar