L’arrivée de l’année 2018 marque le véritable lancement de l’année du centenaire de la République d’Estonie. Si le sommet des célébrations aura lieu en février, quantité de projets ont été initiés pour célébrer cet anniversaire symbolique tant en Estonie qu’à l’étranger pendant toute l’année (et au-delà jusqu’en 2020). La liste des projets et des festivités est disponible sur le site www.ev100.ee/en.

On peut par exemple citer en exemple de manifestation l’organisation de la toute première exposition consacrée à Michel Sittow, un artiste né autour de 1469 à Tallinn (Reval). Sittow a fréquenté les cours royales européennes et s’est rendu célèbre grâce à ses portraits. Des œuvres venues de grands musées du monde entier seront exposées à Tallinn et à Washington.

Les préparatifs de la fête nationale de février prochain ne se déroulent pas toujours dans la sérénité. La présidence de la République a notamment annoncé que la cérémonie du 24-Février organisée autour du discours présidentiel serait mise en scène par l’équipe du théâtre NO99. Ce choix a immédiatement provoqué une polémique. En effet, l’une des figures de NO99, Tiit Ojasoo a été impliqué l’an passé dans une affaire d’agression d’une femme du théâtre. L’affaire a fait l’objet d’un accord à l’amiable, évitant à M. Ojasoo un procès au pénal. Peu de temps après l’annonce, 104 personnes et institutions ont dénoncé le choix de la présidence.

Cette affaire a failli provoquer une crise gouvernementale après que le ministre de la justice, Urmas Reinsalu, a tenu des propos inadéquats à l’encontre des signataires de cette lettre publique. Face à la levée de boucliers contre sa déclaration sur les réseaux sociaux, le ministre a présenté ses excuses. Celles-ci n’ont toutefois pas convaincu les partis de l’opposition (Parti de la Réforme, Parti libre et EKRE), qui ont déposé une motion de censure. Si certaines voix ont critiqué les propos d’U. Reinsalu, les partis de la coalition ont tout de même fait bloc derrière le ministre ; la motion de censure n’a finalement été votée que par 46 députés, échouant de cinq voix.

Dans le secteur économique, le trafic passagers de l’aéroport de Tallinn a atteint un nouveau record en 2017 avec 2,65 millions de passagers. Le record précédent établi en 2016 a été amélioré de 19 %. Cette évolution s’explique par un climat économique favorable, la coopération de la compagnie Nordica avec l’entreprise polonaise LOT et la présidence estonienne du Conseil de l’Union européenne.

La réforme fiscale de la coalition gouvernementale continue d’être au cœur de l’actualité. En janvier, c’est la situation des personnes à la retraite qui continuent de travailler en parallèle qui a fait débat. Alors que le gouvernement répète depuis des mois que les plus modestes y gagneront en revenus nets, les opposants à la réforme ont pointé du doigt que ce n’était pas le cas pour les retraités qui travaillent. Face à la grogne, le gouvernement travaille à une amélioration du nouveau système. Dans ce contexte, le Parti du Centre a également annoncé la possibilité d’une augmentation exceptionnelle des retraites d’environ 60 euros. (Les retraites n’ont pas été revalorisées hors indexation depuis onze ans.) Fin janvier, un sondage a révélé qu’une majorité d’Estoniens était opposée à la réforme fiscale. Seuls les partisans du Parti du Centre et des Sociaux-Démocrates soutiennent la mesure. Certains analystes ont pointé du doigt que cette opposition générale relevait plutôt d’une opposition globale au gouvernement que d’une contestation des seuls changements fiscaux. Le ministre Jaak Aab (Parti du Centre) a déclaré de son côté que les avis évolueraient quand les Estoniens auront reçu leur salaire de janvier, qui prendra en compte la réforme.

Si l’Estonie a fait la Une de la presse avec le déplacement du Soldat de Bronze en 2007, c’est un autre monument, le Mémorial de Maarjamäe, qui est au cœur de débat actuellement. Inauguré en 1975, ce lieu commémore « ceux qui ont combattu pour la liberté de l’Estonie ». Alors qu’un mémorial consacré aux victimes du communisme est actuellement en construction à proximité, le ministre de la Justice Urmas Reinsalu a déclaré que la destruction partielle du monument datant de l’époque soviétique, dont l’état général n’est pas satisfaisant, pouvait être envisagée si toutes les normes de sécurité ne pouvaient pas être respectées. Cette idée a été critiquée par certains architectes et a déclenché une vague d’indignation dans la presse russe.

D’après les premières statistiques récemment publiées, la population estonienne a augmenté en 2017 de 3 070 personnes. Si le solde naturel demeure négatif (- 1 960 personnes en 2017), le solde migratoire est, lui, positif pour la troisième année consécutive (+ 5 030 personnes) et compense largement les pertes dues au nombre de décès supérieur à celui des naissances.

Enfin, plusieurs annonces ont été faites pour 2019. Comme en 2017, l’armée française sera présente en Estonie l’année prochaine dans le cadre d’une mission de l’OTAN. De plus, les préparatifs de la vingt-septième fête du chant et de la vingtième fête de la danse ont été lancés le 23 janvier dernier. Les festivités, qui se dérouleront à Tallinn du 4 au 7 juillet 2019, marqueront le 150e anniversaire de cette tradition, dont la première édition a eu lieu à Tartu en 1869.  En 2019, le thème général sera Minu arm (mon amour). On retrouve ces deux mots notamment dans le titre du poème de Lydia Koidula Mu isamaa on minu arm, mis en musique par Gustav Ernesaks. Chanté pour la première fois en 1947, ce chant est devenu par la suite l’hymne alternatif des Estoniens pendant la période soviétique. Les chorales et les groupes de danse qui souhaitent participer doivent se porter candidats avant le 23 février 2018.