En décembre, la situation sanitaire en Estonie a continué de se détériorer. Alors qu’il était de 355 pour 100 000 personnes, le taux d’incidence sur 14 jours a presque doublé pour atteindre 600/100000 le 30 décembre. De même, le nombre de morts a suivi une évolution similaire avec 118 morts au cours du mois, soit presque autant que depuis mars (126). Cette donnée est toutefois a nuancé car sont enregistrés tous les décès de personnes ayant été testées positives au Covid-19, sans savoir si la maladie est la cause du décès ou pas. Des correctifs pourraient donc être apportés plus tard. La situation est particulièrement sensible dans la région d’Ida-Virumaa où le taux d’incidence s’est maintenu au-delà de 1000/100000 pendant plusieurs semaines, avant de connaître une légère baisse au cours des derniers jours du mois. Dans le même temps, la situation s’est régulièrement dégradée dans la région de Harjumaa (taux de 800 fin décembre).

Face à cette seconde vague, les autorités ont pris différentes mesures, suscitant parfois l’incompréhension. Le 10 décembre, le gouvernement a pris la décision d’interdire l’accès aux établissements scolaires et universitaires à partir de 14 décembre. Toutefois, la confusion a suivi l’annonce : l’enseignement allait-il désormais être en ligne ou le début des vacances était-il avancé ? L’incompréhension a été d’autant plus forte que la ville de Tallinn a annoncé qu’elle maintenait l’enseignement en présentiel pour les trois premières classes des écoles primaires. L’interdiction de l’enseignement en présentiel est valable jusqu’au 10 janvier. Au-delà de cette date, l’enseignement dans les établissements pourra reprendre. Dans les régions de Harjumaa et de l’Ida-Virumaa, seuls les quatre premiers niveaux du primaire et les dernières classes du collège et du lycée retrouveront les salles de classe. Les autres élèves suivront les cours de chez eux jusqu’au 17 janvier.

Après la « fermeture » de Saaremaa au printemps lorsque l’épidémie y était la plus grave, le gouvernement a pris des mesures spéciales pour l’Ida-Virumaa et le Harjumaa. Sans que la région du nord-est du pays ne soit totalement isolée, l’intégralité des établissements de divertissement (spas, salles de sport, restaurants…) a été fermée et les événements publics ont été interdits pour trois semaines. Dans la région de la capitale, des mesures similaires ont été adoptées à partir du 28 décembre.

Enfin, comme ailleurs dans le monde, les premières vaccinations contre le coronavirus ont débuté avec 1907 vaccinations effectuées au 31 décembre.

La saga autour du projet de référendum sur la définition du mariage en Estonie a encore été le sujet central de la scène politique. Le 14 décembre, les députés étaient réunis pour s’exprimer pour la première fois sur la proposition de loi déposée par les députés EKRE. Si le vote en première lecture est habituellement une formalité avant un débat parlementaire approfondi, le vote concernant le référendum a été très suivi. En effet, il n’était pas certain que les députés soutiennent le texte en raison de l’opposition de certains élus de la coalition. Les regards étaient surtout tournés vers Imre Sooäär (Parti du centre) tout juste arrivé au parlement en remplacement du député Kalev Kallo, forcé de quitter l’assemblée après la confirmation d’une condamnation au pénal. Sooäär avait laissé entendre qu’il pourrait s’opposer au texte. Toutefois, le nouvel élu a soutenu le texte apportant la 51e voix nécessaire à la poursuite de l’examen de celui-ci. Dans l’optique de l’examen en deuxième lecture, les députés avaient la possibilité de déposer des propositions d’amendements jusqu’au 30 décembre 2020. Conformément à leur souhait de ralentir le travail législatif afin que la loi ne soit pas votée à temps (pour un référendum organisé le 18 avril), l’opposition a déposé près de 10 000 propositions d’amendement.

Outre la question du mariage, un autre sujet de société a agité la scène politique estonienne. À l’heure du vote du budget 2021, les partis politiques disposent d’une réserve parlementaire pour financer les projets qu’ils souhaitent soutenir. Si les partis du gouvernement présentent la liste des projets de manière commune, en 2020, la liste proposées a clairement révélé des objectifs différents. Comme souvent depuis son arrivée au gouvernement, c’est le parti EKRE qui a fait provoquer de vives réactions en choisissant de soutenir Elu marss (La Marche pour la vie), une association anti-avortement fondée en juillet 2020. La polémique a été d’autant plus forte qu’avec 171 000 euros d’aide, l’association est l’organisation qui bénéficie le plus de la réserve parlementaire. Plus généralement, l’octroi de 14 % des fonds (près de 900 000 euros) aux différentes églises chrétiennes a été régulièrement souligné d’un ton critique dans la presse.

À Narva, la vacance du pouvoir née de la naissance d’une nouvelle coalition en novembre est terminée. Le 30 décembre, la désormais ex-députée Katri Raik (Parti social-démocrate) a été élue maire. Celle qui a déjà dirigée le Collège universitaire de Narva entre 1999 et 2007 et 2009 et 2015 revient donc aux affaires dans la ville-frontière, avec pour ambition de tourner la page de la culture politique locale basée sur le clientélisme.

Le 11 décembre, la municipalité d’Elva (région de Tartumaa) s’est vu décerner l’un des labels de Ville européenne du sport (dans la catégorie villes de moins de 25 000 habitants, en anglais town) pour l’année 2021 pour l’Association des Capitales européennes du sport (ACES Europe). Début 2020, Elva a remporté le titre de Commune la plus sportive d’Estonie. Son territoire accueille de nombreux événements majeurs du sport estonien comme le rallye d’Estonie. Son centre sportif marque aussi l’arrivée de trois des six épreuves organisées par le club Tartu Maraton, au premier rang desquels le célèbre marathon de ski de fond de Tartu, qui attirent des milliers de sportifs chaque année. De plus Elva est aussi la ville d’origine de nombreux sportifs estoniens de premier plan. En 2020, une ville estonienne, Kuressaare, portait déjà ce titre européen en compagnie de sept autres villes européennes.

Alors qu’il est devenu la norme pour de nombreuses personnes depuis le début de la pandémie de Covid-19, les députés estoniens n’échappent pas au télétravail non plus. Le travail des commissions se faisait déjà à distance, mais le 17 décembre, pour la première fois, une séance plénière du Riigikogu s’est tenue avec une partie des parlementaires « présents » via Internet. Comme pour le citoyen lambda, cette nouveauté n’a pas été sans difficulté d’adaptation pour certains !

Photo : Siim Lõvi / ERR