Les deux premières semaines de novembre ont été marquées par le changement de dirigeants à la tête du Parti du Centre et la dislocation de la coalition gouvernementale dirigée par Taavi Rõivas.

Lors d’un congrès extraordinaire organisé à Paide, le Parti du Centre a élu Jüri Ratas à sa présidence face à Yana Toom. Edgar Savisaar, président sortant, un temps candidat, ne s’est pas déplacé, lui faisant perdre toute fonction officielle au sein du parti qu’il a fondé en 1991 et dirigé sans interruption (exception faite de la période octobre 1995 – mars 1996). Les résultats du congrès ont fait de l’opposition interne à Savisaar la première force au sein de l’organisation politique avec trois quarts des sièges au sein de la direction du parti.

Immédiatement après l’élection de Ratas, et la mise à l’écart de Savisaar, le Parti du Centre est redevenu un parti fréquentable aux yeux des autres partis, bouleversant les équilibres sur le sceptre politique estonien. Déjà au cours de la semaine précédente, les tensions entre partis de la coalition avaient été plus fortes. Parti social-démocrate et IRL ont réalisé un coup de force face au blocage du Parti de la Réforme en rappelant tous les députés qui siégeaient dans les conseils de surveillance d’entreprises publiques, une situation jugée anticonstitutionnelle, mais que le Parti de la Réforme ne s’empressait pas de résoudre. Le lundi 7 novembre, les deux partenaires appelaient ensuite le Premier ministre Taavi Rõivas à la démission. Le même jour, les trois partis de l’opposition parlementaire ont déposé un projet de motion de censure, critiquant l’inaction générale du Premier ministre. Face au choix du Premier ministre de ne pas démissionner, PSD et IRL ont ensuite annoncé se rallier à la motion de censure. Soutenue par 63 députés contre 28 lors d’un vote au Riigikogu le 9 novembre, la motion de censure a été adoptée et a provoqué la chute du gouvernement Rõivas II. Dans les heures qui ont suivi, les leaders de chaque formation politique représentée au Parlement ont été reçus tour à tour au Palais de Kadriorg par Kersti Kaljulaid.

Dans les jours suivants, le Parti du Centre, le Parti social-démocrate et IRL ont débuté les négociations pour former une nouvelle coalition dirigée par Jüri Ratas. (Ce dernier est officiellement chargé de former le gouvernement le 20 novembre par la présidente Kersti Kaljulaid). Si la politique étrangère et de défense ne sera pas remise en cause, certains changements ont déjà été annoncés. Par exemple, le seuil des revenus non imposables devrait être augmenté de 170 à 500€ et devenir dégressif pour ceux dont le salaire dépasse 1200€ par mois. De nouvelles aides sociales vont être instaurées, elles seront financées en partie par une hausse des taxes sur l’alcool et la création d’une taxe à l’immatriculation de nouveaux véhicules.

Quelques semaines après son investiture, la présidente Kersti Kaljulaid s’est trouvée au cœur d’une petite polémique après que la presse a révélé son absence de la messe célébrée par l’archevêque de l’Église luthérienne estonienne le jour de son investiture. La nouvelle présidente a par la suite justifié son choix via les réseaux sociaux, expliquant qu’elle ne considérait pas sa présence comme obligatoire alors qu’il n’y a aucune Église d’État en Estonie.

La saga autour du financement de la résidence de Toomas Hendrik Ilves, Ärma talu a connu de nouveaux développements. Un nouvel audit a jugé que l’ancien président de la République devrait rembourser 90% des aides reçues pour développer un centre touristique, et non 10% comme jugé auparavant. La mauvaise gestion de cette crise a d’ailleurs fait perdre son poste à Hanno Tomberg, le directeur d’EAS, la fondation estonienne pour l’entreprise.

Fondée il y a maintenant un an, la compagnie aérienne estonienne Nordica a choisi de ne pas poursuivre sa coopération avec la compagnie slovène Adria Airways. Elle a en revanche signé un accord de coopération avec la compagnie nationale polonaise LOT, première compagnie d’Europe orientale. Cette dernière acquiert 49% du capitale de Regional Jets, la filiale de Nordica chargée du matériel volant. Grâce à cela, Regional Jets pourra être prestataire de vols pour la compagnie polonaise sur des lignes situées hors d’Estonie.

À Tallinn, le festival du film PÖFF (Festival du Film des Nuits noires) a débuté le 11 novembre et durera jusqu’au 27 novembre. Cette année, le programme met notamment à l’honneur la comédie française en partenariat avec l’Institut Français de Tallinn. Dix films, Jour de fêteLes Tontons flingueurs ou encore Fantômasentre autres, seront projetés.

Conséquence de la réforme territoriale en cours en Estonie, une cinquantaine de villages du pays vont devoir être rebaptisés. Par la fusion de communes, des villages avec le même nom vont désormais appartenir à la même commune, or une même entité administrative ne peut contenir deux lieux au nom identique pour éviter toute confusion. Les habitants des différents villages concernés doivent alors faire preuve d’imagination pour trouver un nouveau toponyme à leur lieu de vie.

Dans le monde sportif, Haapsalu, l’un des centres de l’escrime estonienne a connu une petite révolution avec l’inauguration d’un nouveau complexe adapté aux besoins locaux et nationaux alors que les épéistes d’entraînaient jusque-là dans un gymnase quelque peu délabré. Financé par des fonds privés, ce centre porte le nom de celui qui a apporté l’escrime dans la ville côtière, Endel Nelis. L’histoire de ce dernier est relatée dans le film Le Maître d’escrime (Vehkleja, 2015, du Finlandais Klaus Härö), avec Märt Avandi dans le role principal.

Le secteur de la distribution des colis continue sa révolution en Estonie. Depuis plusieurs années, les distributeurs, en tête desquels Omniva, l’entreprise publique, ont installé des automates à colis dans tout le pays. Plutôt que de distribuer les colis à domicile, ceux-ci sont placés dans des boîtes à colis installées dans les lieux fréquentés. Le destinataire récupère son colis quand il le peut et le distributeur n’est plus confronté au problème de l’absence des destinataires. Ces automates servent aussi de boîte d’envoi. Dans un futur proche, ce service pourrait devenir disponible pour les achats en ligne sur des sites étrangers tels Amazon ou eBay. Dans les cinq ans à venir, l’entreprise Omniva va par exemple investir 20 millions d’euros pour développer son réseau en Estonie, mais aussi en Lettonie et en Lituanie, notamment en milieu rural.