Début mai, le service estonien de la statistique, Eesti Statistika a publié ses données annuelles relatives à la démographie estonienne. Pour la première fois depuis le retour à l’indépendance en 1991, la population globale estonienne a augmenté (+ 2 673 personnes pour une population totale de 1 315 944 personnes). Si une part de l’augmentation est due à un changement de méthodologie de calcul, ceci n’est pas l’unique raison. Le solde naturel (différence entre les naissances et les décès) demeure négatif, mais le solde migratoire (différence entre l’immigration et l’émigration) a été positif et a plus que compensé le solde naturel négatif. La population a ainsi augmenté grâce à l’immigration, principalement des citoyens de l’Union européenne.

Le début du mois de mai est comme chaque année marqué par un certain nombre d’événements récurrents. La saison des croisières a débuté à Tallinn avec l’arrivée du premier paquebot le 4 mai, lançant vraiment la saison touristique. De son côté, l’armée estonienne organise ses traditionnels exercices de manœuvres militaires Kevadtorm, cette fois-ci dans le sud de l’Estonie. Dans le même temps, la capitale estonienne a accueilli la 10e conférence Lennart Meri. Organisée pour la première fois en 2007 à la mémoire de l’ancien président décédé un an plus tôt, cette conférence est devenue le rendez-vous des spécialistes des questions de politique étrangère et de sécurité internationale.

Plusieurs actions ont été menées pour sensibiliser à la protection de l’environnement. Depuis 2008 et le lancement de l’initiative Teeme Ära, le premier week-end du mois de mai a été consacré au nettoyage des déchets dans toute l’Estonie. Par petits groupes, les volontaires ont ramassé les déchets abandonnés dans la nature depuis l’an passé. À Tallinn, c’est une journée sans voitures qui fut organisée le 15 mai avenue de Pärnu entre le rond-point Viru et la place de la Liberté. Cette initiative a permis d’expérimenter la suppression de la circulation automobile (hors transports publics) prévue dans le cadre du réaménagement de l’avenue de Pärnu en vue du centenaire de la République d’Estonie en 2018. À ce propos, les résultats du concours d’architecture ont été dévoilé : c’est un projet baptisé Kevad linnas (Le printemps dans la ville) qui a été choisi. Il vise à redonner une place de choix aux bastions de défense et à transformer le début de l’avenue de Narva en avenue commerçante arborée.

En 2016, le parcours de l’Estonie au concours Eurovision de la chanson s’est arrêté en demi-finale avec la 18ème et dernière place de Jüri Pootsmann. Après l’élimination, quelques critiques ont été adressées à la régie du concours organisé à Stockholm : la mise en scène suédoise n’aurait pas permis de faire ressortir tout le potentiel de la chanson Play. En revanche, Dmitri Rooz, chef-cuisinier du restaurant Farm à Tallinn, s’est classé onzième (sur vingt) du Bocuse d’Or Europe. Grâce à cette performance, il participera au Bocuse d’Or (ou concours mondial de cuisine) qui se déroulera à Lyon en janvier 2017. Il s’agira de la troisième participation de l’Estonie à la finale après 2009 et 2013.

Une fois encore, l’attention des médias a été portée sur les commémorations du 9-Mai (fin de la Seconde Guerre mondiale) par la population russophone. Neuf ans après le déplacement du Soldat de Bronze, les cérémonies dans le cimetière militaire de Juhkentali à Tallinn se déroulent dans le plus grand calme. Cette année, l’attention a été plutôt portée sur la marche du Régiment immortel, organisée pour la première fois à Tallinn. Organisée en Russie depuis 2012, ce défilé vise à honorer la mémoire des anciens combattants décédés en arborant leur portrait. L’importation de cet événement en Estonie est le fait de Dmitri Linter, l’un des leaders de Garde de Nuit (Öine Vahtkond en estonien, Ночной дозор en russe), groupe opposé au déplacement du Soldat de Bronze en 2007. Toutefois quelques centaines de personnes seulement ont formé le cortège. En effet, l’initiative de Linter a été rejetée par les organisation d’anciens combattants qui l’ont jugée provocante et inadéquate en Estonie. Linter lui-même n’a pas pu participer au défilé car les services de police ont profité de sa présence en Estonie (il vit en Russie) pour l’entendre comme témoin dans une affaire sans lien à l’événement du 9 mai 2016.

En ce qui concerne le développement de l’e-Stonie, le ministère de l’éducation a ajouté un nouvel outil à l’arsenal des services étatiques en ligne avec le portail e-koolikott (e-cartable). Ce dernier vise à regrouper l’ensemble des matériaux éducatifs numériques existants en un lieu unique afin que les enseignants estoniens puissent y avoir un meilleur accès. Depuis un an, les maisons d’édition de manuels scolaires doivent publier une version électronique de leurs ouvrages, grâce à e-Koolikott, ils seront disponibles plus aisément.

Toujours dans le domaine de l’éducation, un compromis a été trouvé en ce qui concerne le financement des écoles privées. Le gouvernement avait annoncé en avril dernier son souhait de supprimer l’obligation pour les communes de participer aux dépenses de fonctionnement des établissements privés. Un accord a finalement été trouvé : les pouvoirs publics financeront les écoles publiques jusqu’à fin 2019 mais dans une moindre mesure. Les fonds dégagés seront en partie utilisés pour augmenter les salaires des enseignants.

Enfin, il est possible de voir en Estonie le premier long métrage d’Anu Aun Polaarpoiss (Le garçon bipolaire) avec les acteurs Roland Laos et Jaanika Arum. Le film raconte l’histoire d’un lycéen qui rêve de partir à Berlin étudier la photographie. Les plans du jeune homme sont bouleversés après qu’il tombe amoureux d’une jeune fille bipolaire. Voulant aider celle-ci, le garçon va jusqu’à commettre un crime. Afin d’être innocenté, il simule des troubles bipolaires.