L’annonce des réformes fiscales par le nouveau gouvernement estonien se poursuit, mais l’exécutif estonien fait déjà parfois marche arrière. Début décembre, l’instauration d’une taxe automobile avait été confirmée. Elle devait être payée lors de l’achat de tout véhicule, qu’il soit neuf ou d’occasion et aurait été indexée sur son niveau de pollution. Toutefois, Sven Sester, le ministre des finances, a indiqué que le projet était pour l’instant abandonné.

De son côté, Jevgeni Ossinovski, ministre du travail et de la santé, continue son combat contre l’alcoolisme en réaffirmant sa volonté de limiter la publicité (avec à terme son interdiction). De plus, le gouvernement a accepté un projet de loi visant à réduire la visibilité des produits du tabac. La mesure principale entend interdire l’exposition de ces produits et de leurs marques associées dans les magasins de détail (type supermarchés ou stations-services). En d’autres termes, les paquets de cigarettes ne pourront plus être situés au-dessus des caisses des supermarchés comme c’est le cas actuellement. Le projet de loi contient aussi l’interdiction de la cigarette électronique dans les lieux où la cigarette traditionnelle est déjà interdite.

Toutefois, le gouvernement doit faire face à ses premières difficultés. Au cœur de plusieurs polémiques depuis sa nomination au poste de ministre des affaires rurales, Martin Repinski (Parti du centre) a finalement remis sa démission. Il est remplacé par Tarmo Tamm, député du Parti du centre.

Les événements politiques de l’automne continuent d’avoir des conséquences. Désavoué par le Riigikogu en novembre, l’ancien Premier ministre Taavi Rõivas, désormais vice-président du même Riigikogu, a annoncé qu’il quitterait de son poste de président du Parti de la Réforme au début du mois de janvier. Deux noms sont avancés pour le remplacer : Hanno Pevkur et Kristen Michal, respectivement ministres de l’intérieur et de l’économie du gouvernement Rõivas II. Si Michal semble avoir le soutien des principales figures du parti, il doit tenter de se défaire des conséquences du Silvergate, un scandale qui a éclaté en mai 2012. Il concernait le financement du parti en argent liquide à l’origine inconnue en 2009 et 2010, époque à laquelle Kristen Michal était secrétaire général du parti. Six mois après le début du scandale, Michal a démissionné de son poste de ministre de la justice.

Principalement connu pour sa gratuité pour les résidents de la ville, le système de transports publics tallinnois va franchir une nouvelle étape. Après la disparition des tickets papier en 2013 et l’introduction de cartes sans contact (ühiskaart), la capitale estonienne va mettre en place au début de l’année prochaine un nouveau système de billetterie utilisant la technologie du code QR. Le passager pourra désormais valider son voyage grâce au code QR reçu à l’achat de son titre de transport depuis son téléphone ou en l’ayant imprimé auparavant.

Après un mois de voyage autour de l’Europe depuis la Turquie, le premier nouveau bac commandé par l’entreprise TS Laevad destiné à assurer les liaisons maritimes entre Hiiumaa, Saaremaa et le continent est arrivé en Estonie. Baptisé Leiger, le navire sera officiellement inauguré le 19 décembre et entrera en service quelques jours plus tard avec plusieurs semaines de retard sur les objectifs initiaux. Trois autres bateaux, construits en Turquie ou en Pologne, baptisés TõllPiret et Tiiu, rejoindront le Leiger dans les mois à venir, marquant la fin de transition après le changement d’opérateur en octobre 2016. L’achat de nouveaux bacs par TS Laevad, filiale de Tallinna Sadam a longtemps défrayé la chronique en raison d’une affaire de corruption impliquant les directeurs de Tallinna Sadam.

Après la mise en examen d’Edgar Savisaar le mois dernier, les éléments du dossier de l’affaire Savisaar ont commencé à être diffusés dans la presse. Ces fuites ont rapidement entraîné un débat sur le bien-fondé de telles méthodes. Un procès équitable sera-t-il désormais possible après que des éléments de preuve ont déjà été rendus publics ? Certains journalistes arguent contre de telles pratiques car cela contribue avant tout débat devant un tribunal, et ce malgré l’existence de la présomption d’innocence, à une condamnation par le public. D’autres considèrent la limitation de la publication de telles informations comme une atteinte à la liberté de la presse. Une commission parlementaire a entendu procureurs, ministres et autres policiers pour trouver l’origine des fuites. Selon les députés de la commission, les services de justice et de police ne sont pas responsables de la diffusion du dossier.

Toujours au chapitre justice et médias, Toomas Lepp, le directeur de la chaîne municipale tallinnoise Tallinna TV a été interpellé et est soupçonné d’avoir utilisé une partie des fonds du média pour payer des fausses factures à une entreprise qui lui appartient. Diffusant depuis 2010, Tallinna TV est financée par le budget de la ville de Tallinn. Elle était destinée à offrir une alternative aux grands médias toujours prompts à critiquer le Parti du centre au pouvoir à Tallinn. Les partis de l’opposition municipale considèrent la chaîne comme un simple outil de propagande du Parti du centre tout comme les journaux municipaux Pealinn et Stolitsa. Avec la chute de Toomas Lepp, la chaîne pourrait quelque peu changer de visage. Le contenu éditorial devrait être confié à un groupe de conseil où siégeraient aussi des membres de l’opposition municipale. Plus généralement, il s’agit d’un nouvel épisode de la chute progressive du système qu’Edgar Savisaar avait mis en place dans la capitale estonienne depuis 2007.