La sécurité du territoire national estonien, et par extension de l’OTAN, a dominé l’actualité du mois de septembre. Pour en améliorer la surveillance après l’épisode du drone qui s’est écrasé près de Tartu en août, les autorités estoniennes ont choisi de fermer l’espace aérien situé à l’est de la ligne reliant l’île de Pedassaar (côte du golfe de Finlande) à la rive orientale du Võrtsjärv jusqu’à une altitude de 6000 pieds la nuit de 20 h à 7 h 00. Cette annonce sans préavis a provoqué de la confusion puisque la compagnie aérienne Finnair, qui assure la ligne Helsinki-Tartu, a annulé ses vols de la fin de journée du 11 septembre et du matin du 12. Finalement, les autorités ont assuré à la compagnie finlandaise que l’interdiction ne la concernait pas, ce qui a permis une reprise des vols.

L’événement le plus marquant a sans conteste été l’intrusion de trois avions de chasse russes dans l’espace aérien estonien pendant douze minutes le 19 septembre. Si des avions russes violent régulièrement la frontière estonienne au-dessus du golfe de Finlande, il s’agissait là du quatrième épisode en 2025, l’épisode de septembre s’inscrivait dans le contexte plus large des intrusions de drones russes en Pologne. Très rapidement, les autorités estoniennes ont décidé de convoquer des consultations au titre de l’article 4 de l’OTAN. De plus, la diplomatie estonienne a porté l’affaire devant le conseil de sécurité de l’ONU, requête dont la Corée du Sud, qui préside le conseil, a accepté son inscription à l’ordre du jour du 22 septembre. Malgré les dénégations de la délégation russe, et face aux preuves apportées par l’Estonie, la violation de l’espace aérien estonien a été massivement condamnée. La diplomatie estonienne a remporté là une victoire importante, s’assurant un large soutien. Ce soutien était d’autant plus fort que l’assemblée générale de l’ONU se déroulait au même moment, garantissant à l’Estonie le soutien de nombreux ministres des Affaires étrangères présents à New York.

Sujet qui domine l’actualité politique depuis plusieurs mois, le budget de l’État et la politique fiscale menée ont de nouveau été très présents alors que le gouvernement prépare le budget 2026. Après plusieurs hausses d’impôts importants au cours des dernières années, notamment avec le taux de TVA désormais à 24 % depuis le 1er juillet 2025, l’exécutif s’est résolu à alléger le poids de la fiscalité qui pèse sur les Estoniens (sans toutefois abroger la taxe automobile en vigueur depuis 2025). Ainsi, la hausse du taux de l’impôt sur le revenu qui devait augmenter le 1er janvier 2026 a été supprimée. De même, la surimposition des personnes dont le salaire se situe entre 1200 et 2100 euros mise en place en 2018 va disparaître avec le retour à un taux d’imposition unique de 22 %. La hausse rapide des salaires a rendu le système inadapté et l’exécutif a fait le choix de le supprimer, assurant une hausse du revenu net pour la classe moyenne estonienne. Dans le même temps, le plafond des revenus non-imposés va être relevé de 654 à 700 euros. Enfin, le gouvernement a annoncé une hausse des salaires des enseignants, des policiers et des pompiers.

Sur la scène politique, les candidats aux élections locales du 19 octobre se sont mis en ordre de bataille pour séduire les électeurs. La campagne de 2025 s’inscrit dans un contexte de défiance à l’égard de la coalition gouvernementale formée par le Parti de la réforme et Eesti 200. L’opposition, notamment Isamaa et le Parti du centre, mise sur l’impopularité du parti du Premier ministre pour faire campagne. Les regards sont principalement vers les grandes villes. À Tallinn, les sondages placent la liste du Parti du centre largement en tête et projettent même un retour au pouvoir (avec la majorité absolue) de Mihhail Kõlvart, évincé au printemps 2024 après avoir été mis en minorité par quatre des cinq partis de l’opposition municipale. À Tartu, ville qu’il dirige depuis 1997, le Parti de la réforme souffre de son impopularité à l’échelle nationale et pourrait être battu par la liste Isamaa portée par Tõnis Lukas. De même, la survie du parti Eesti 200 se joue peut-être à Tartu où sa présidente, la ministre de l’Éducation Kristina Kallas est candidate. Alors qu’il est au plus bas dans les sondages, si le parti échouait à obtenir des élus même à Tartu, sa position nationale deviendrait très fragile.

Le 6 septembre 2025, Tallinn a accueilli la messe de béatification de l’archevêque Eduard Profittlich (1890-1942). Né à Coblence, ce prêtre allemand est envoyé en Estonie en 1930 et l’année suivante, il en est devenu administrateur apostolique. Il a par la suite été consacré archevêque en 1936. Resté en Estonie après l’invasion soviétique alors qu’il aurait pu être évacué en tant qu’Allemand, il a aidé un certain nombre de personnes à quitter l’Estonie soviétique. Il est finalement arrêté par le NKVD le 27 juin 1941 et emprisonné à Kirov. Condamné à mort pour activités antisoviétiques et espionnage, il décède en février 1942 avant que la sentence puisse être exécutée.

Attendu par tous les amateurs de basket, le championnat d’Europe masculin s’est déroulé en août et en septembre. Qualifiée pour la deuxième fois consécutive (après 2022), l’équipe d’Estonie visait un meilleur résultat que la 19e place obtenue en 2022. Cet Euro de basket représentait aussi une occasion spéciale car l’Estonie jouait ses matches à Riga en Lettonie, ce qui a permis à de nombreux supporters de faire le déplacement. Malheureusement pour eux, l’équipe d’Estonie n’est pas parvenue à se qualifier pour les matches à élimination après quatre défaites, dont une de seulement deux points face à la Lettonie locale, et une victoire, et a de nouveau dû se contenter d’une 19e place finale. Les regards des amateurs de basket sont désormais tournés vers 2029 : en effet, l’Estonie a été choisie au printemps pour 2025 pour être l’un des quatre pays hôtes du prochain championnat d’Europe.

Photo : Laura Jarriel – ONU