Cette année, les célébrations de la fête nationale, parade militaire et réception présidentielle, ont eu lieu à Tallinn. Dans son discours, la présidente Kersti Kaljulaid a principalement demandé que les plus faibles soient mieux pris en compte dans la société. Elle a également demandé aux représentants des partis politiques de faire le bilan honnête de leurs actions en les comparant à leurs promesses électorales d’il y a quatre ans.

En parallèle, le parti d’extrême-droite EKRE et l’organisation de jeunesse associée Sinine Äratus (Le Réveil bleu) ont défilé dans les rues de la vieille ville de Tallinn et à Tartu à la lumière des flambeaux. Plusieurs milliers de personnes ont pris part à ses rassemblements, qui ont lieu désormais chaque année depuis 2014.

Très attendu, le dernier long-métrage du programme EV100, Tõde ja õigus (Vérité et justice) est visible au cinéma depuis le 20 février. Cette adaptation du premier tome de la célèbre saga du même nom de A. H. Tammsaare a été réalisée par Tanel Toom (nominé pour l’Oscar du meilleur court métrage de fiction en 2010) et les personnages principaux sont joués par Priit Loog (Andres), Priit Võigemast (Pearu), Maiken Schmidt (Krõõt), Simeoni Sundja (Juss) et Ester Kuntu (Mari). L’action suit l’installation d’Andres et de sa femme Krõõt dans une ferme sur Vargamäe (la Colline-du-Voleur) et ses combats contre la nature et son nouveau voisin, Pearu. Le film a attiré un public massif puisqu’il a battu le record des entrées pour un film lors de son premier week-end d’exploitation avec plus 51 000 spectateurs et le record de spectateurs au cours de la première semaine en salle (90 550 spectateurs). Eesti Ekspress évoque déjà la possibilité que le film batte le record absolu de 194 327 spectateurs détenu par Avatar de James Cameron.

Si les élections législatives sont fixées au 3 mars, de nombreux citoyens ont pu voter dès le mois de février. Du 21 au 27 février, les citoyens ont pu voter par anticipation, soit en se rendant dans un bureau de vote soit en votant par Internet. Cette dernière option a été choisie par un nombre record d’électeurs, plus de 247 000 personnes, soit une augmentation de 70 000 votes par rapport à 2015. Si on ajoute les votes par anticipation dans les bureaux de vote, ce sont presque 40 % des électeurs qui ont déjà voté.

Alors que la campagne électorale a peiné à passionner, la question de l’intégration des populations russophones dans la société estonienne demeure un sujet inévitable des débats politiques. En février, les formations politiques se sont toutes saisies d’une affaire impliquant le lycée d’État (riigigümnaasium) de Kohtla-Järve (Ida-Virumaa), qui doit ouvrir ses portes à la rentrée de septembre. S’il était initialement prévu que l’enseignement s’y ferait uniquement en estonien, la ministre de l’éducation Mailis Reps a déclaré que les communautés éducative et locale (majoritairement russophone) n’étaient pas prêtes et que la possibilité d’un enseignement bilingue avec 60 % des cours en estonien, le seuil minimum requis au lycée, et 40 % en russe devait être maintenue. Les opposants au Parti du Centre sont immédiatement montés au créneau pour exiger la mise en place d’un enseignement uniquement en estonien à Kohtla-Järve dès septembre. Le Parti de la Réforme accuse par exemple le Premier ministre et la ministre d’ignorer la communauté estonienne locale et de russifier l’enseignement secondaire. Les opposants voient dans la décision de M. Reps une mesure électorale pour garder l’électorat russophone dans le giron du Parti du Centre.

L’économie estonienne semble aller bien. La croissance du PIB en 2018 a été la plus forte des six dernières années, avec une hausse de 3,9 % par rapport à 2017. Le PIB estonien s’est établi à 26 milliards d’euros. 2018 est la troisième année consécutive au cours de laquelle le PIB a cru de plus de 3 %. Le dynamisme économique est principalement porté par les secteurs du bâtiment, de l’industrie, des professions techniques et scientifiques, du transport et des communications. Dans le même temps, le salaire moyen estonien a augmenté rapidement (+7,3 % par rapport à 2017) et a atteint 1310 euros brut par mois (environ 1100 euros net, sans la prise en compte d’éventuels avantages). À noter que le salaire minimum, malgré une augmentation de 8 %, demeure faible, à 540 euros brut mensuel (516 euros net).

À peine la page du scandale Danske Bank tournée, le secteur bancaire estonien est de nouveau plongé dans une affaire de blanchiment d’argent, qui implique cette fois la banque suédoise Swedbank. La banque est soupçonnée d’être impliquée dans le transfert de plusieurs milliards d’euros à l’origine douteuse de comptes de Danske Bank vers des comptes de Swedbank entre 2007 et 2015. L’affaire Danske Bank en tant que telle suit son cours. Le gouvernement discute de l’éventualité de demander des dommages-intérêts à la banque danoise pour les coups portés à la réputation de l’Estonie. Dans le même temps, l’inspection estonienne des finances a ordonné à la banque danoise de mettre fin à ses activités en Estonie sous huit mois.

En sport, la championne de ski freestyle Kelly Sildaru continue de dominer son sport. Après avoir été la première femme à remporter trois médailles aux Winter X-Games, l’événement le plus prestigieux du ski freestyle en janvier (médaille d’or en slopestyle, médaille d’argent en half-pipe et médaille de bronze en big air), la jeune Estonienne a participé à ses tout premiers championnats du monde dans la catégorie adultes. Sildaru a ajouté une nouvelle ligne prestigieuse à son palmarès puisqu’elle a tout simplement remporté la médaille d’or dans la discipline du half-pipe, battant notamment la championne olympique en titre. En revanche, son petit gabarit ne lui a pas permis de prendre part à la compétition de big air et son épreuve favorite, le slopestyle a été annulée.

Du côté du ski de fond, la consternation est de mise après l’arrestation, mercredi 27 février, des skieurs Andreas Veerpalu et Karel Tammjärv en marge des championnats du monde de Seefeld (Autriche) dans une affaire de dopage à la transfusion sanguine. Outre les deux Estoniens, deux skieurs autrichiens et le Kazakh Poltoranin, qui est entraîné par les Estoniens Andrus Veerpalu (le père d’Andreas et ancien champion olympique et mondial dans les années 2000) et Mati Alaver, ont également été interpellés. L’intervention de la police s’inscrit dans une vaste enquête antidopage concentrée sur un médecin allemand dont les « services » ont été utilisés par des dizaines de sportifs. Libéré de garde à vue, Karel Tammjärv a reconnu les faits, expliquant être entré en contact avec le médecin allemand sur les conseils de Mati Alaver, fait que ce dernier a aussi reconnu. En revanche, et si Andreas Veerpalu a aussi reconnu les faits, les Veerpalu évitent la presse. L’affaire réveille en Estonie les souvenirs des affaires qui ont impliqué il y a quelques années Andrus Veerpalu, alors entraîné par Mati Alaver, et l’autre star du ski estonien dans les années 2000, Kristina Šmigun-Vähi. Malgré la découverte de substances illicites ou laissant supposer l’utilisation de produits dopants, les deux skieurs ont été ensuite blanchis en raison d’erreurs procédurales. Les condamnations de l’affaire Tammjärv-Veerpalu se multiplient jusqu’au plus haut niveau de l’État et le principal sponsor de l’équipe Team Haanja, qui regroupe la plupart des skieurs estoniens et à laquelle appartiennent les deux skieurs incriminés, a déjà annoncé vouloir mettre fin à ses aides.

Enfin, l’Estonie connaît désormais son représentant au concours de l’Eurovision 2019, qui se déroulera en mai prochain en Israël. Cette année, c’est le chanteur suédois Victor Crone qui portera ses couleurs avec sa chanson Storm. Si l’Estonie choisit traditionnellement des artistes locaux, Crone sera le troisième Suédois à représenter l’Estonie, après Sahlene avec la chanson Runaway (2002) et Sandra Oxenryd avec Through My Window (2006). En 2001, Tanel Padar avait remporté l’Eurovision en duo avec Dave Benton, originaire d’Aruba et citoyen hollandais à l’époque.

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